Le Dieu-Fauve [Vehlmann & Roger]
Les auteurs : Fabien Vehlmann n'est plus à présenter sur ce blog, puisqu'il collabore régulièrement en tant que scénariste avec différents dessinateurs de bande dessinée, notamment pour Green manor. Cela fait par contre très longtemps que je n'avais pas vu le travail de Roger (Ibáñez Ugena), depuis sa collaboration avec Zidrou sur Pendant que le roi de Prusse...
L'histoire : Remontez jusqu'à l'ère lointaine du Déluge, celle qu'évoquent à demi-mots tous les textes anciens de l'humanité... En ces temps de famine, Sans-Voix, un jeune singe orphelin, cherche à prouver sa valeur à son clan d'adoption en chassant le « longue-gueule », un vieil alligator blessé et vicieux. Manger ou être mangé : le cycle immuable de la nature. Mais en osant s'aventurer au coeur des terres interdites, celles des humains, Sans-Voix sera confronté au plus cruel des destins : voir les siens massacrés sous ses yeux avant d'être capturé puis dressé dans les arènes de l'Empire afin de devenir un « Dieu-Fauve », un guerrier sacré façonné pour la violence et l'art du combat. Mais ces longues années de souffrance auront surtout fait grandir en lui une brûlante obsession : se venger de ses bourreaux, quel qu'en soit le prix.
Mon avis : Un pitch assez original que la quatrième de couverture ne dévoile pas, laissant au lecteur la possibilité de s'imprégner totalement de l'ambiance sombre et violente. Les personnages sont complexes, la mythologie proposée est bien travaillée. La chute est attendue, pas très originale, forcément, il n'y a pas beaucoup d'autres possibilités. Mais j'ai trouvé la narration problématique : chaque chapitre prend le point de vue d'un personnage différent et il faut du temps pour comprendre à qui les auteurs font référence. Sans que cela n'apporte rien au récit à mon sens, puisque les différentes perceptions ne sont pas remises en cause par le personnage suivant. Comme il n'y a quasiment pas de dialogues, tout repose sur le narrateur omniscient, qui malheureusement s'essaie à la poésie et au lyrisme.
Ajoutons à cela un souci aussi sur les dessins ou plus précisément la mise en couleurs, très monotone et sombre. Car oui, les dessins et le cadrage sont beaux, très léchés, esthétiques. Les mouvements sont mis en valeur, puisque point de paroles, ou si peu. Mais les couleurs toujours boueuses et nocturnes rendent l'ensemble peu lisible et finissent par être totalement opposé à une narration fluide.
Bref, c'est difficilement compréhensible par moment et ça gâche la lecture. Une déception au vue des avis plutôt dithyrambiques sur cet album.
Éditions Dargaud
Avril 2024
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