La cuisine des ogres : Trois-fois-morte [Fabien Vehlmann et Jean-Baptiste Andréae]
Les auteurs : On ne présente plus ici Fabien Vehlmann, dont je vous parlais encore en ce début d'année avec ma lecture du Dieu-Fauve. Le scénariste collabore ici avec le dessinateur et coloriste français Jean-Baptiste Andréae, né en janvier 1964.
La cuisine des ogres : Trois-fois-morte, de Fabien Vehlmann et Jean-Baptiste Andréae
Éditions Rue de Sèvres
Mars 2024
L'histoire : A l'intérieur du mystérieux massif que l'on appelle « La Dent du Chat » vivent des ogres. Fin gourmets, leurs mets délicats se composent néanmoins d'ingrédients quelque peu inhabituels... Lorsqu'une jeune orpheline nommée Blanchette se fait capturer avec d'autres enfants pour être emmenée au cœur du cratère et servir de dîner à ses imposants habitants, le cauchemar s'installe. Hachée, mijotée, écrasée : celle qu'on surnommera "Trois-fois-morte" met la faucheuse au défi : grâce à son courage (et un peu de chance), elle survit à tous les dangers et obstacles qui s'imposent à elle. Avec l'aide du jeune korrigan Brèche-Dent, elle va devoir redoubler d'inventivité pour survivre à cet enfer et sauver ses amis.
Mon avis : Cet album faisait partie de la sélection Jeunesse du dernier Festival d'Angoulême. Il faudra alors que le jeune public soit tout de même assez âgé, plutôt adolescent, au risque de voir votre progéniture faire des cauchemars. Car nous sommes plongés dans un conte horrifique, où des ogres, tous plus effrayants les uns que les autres, kidnappent des enfants pour les cuisiner dans leur monde. C'est là que se retrouve Blanchette. Comment va-t-elle pouvoir échapper au destin funeste qui l'attend, comme ses petits camarades ?
Il y a un côté Jack et le Haricot magique dans cette lecture, ou d'autres contes assez cruels de notre enfance. On pourrait même se croire chez Dickens. Si la jeune fille fait preuve d'intelligence et de ruse pour se sortir de ce très mauvais pas, on apprend vite qu'elle n'a pas eu une vie facile déjà jusque là, semblant aller de mal en pis. Certains thèmes, s'ils ne sont pas creusés, sont assez violents (inceste, meurtre). D'où l'inadaptation à un très jeune public. L'ensemble du récit dégage donc à la fois une véritable noirceur et suffisamment d'empathie pour qu'on s'attache à Blanchette et à son destin. Cette situation périlleuse va la révéler à elle-même, lui montrer ce dont elle est capable. Peut-être un poil trop rapidement... mais on excusera ce revirement rapide de personnalité par la nécessaire rapidité du récit en bande dessinée.
Les dessins pris individuellement sont magnifiques, mêlant fantastique et frayeur de façon très bien dosée. J'ai aimé les camaïeux de bleu, mais le dessin est parfois confus, tant il est riche de détails et de précisions. Pour autant, il fait la part belle à l'imaginaire, composante importante de cet ouvrage.
Un très bel album donc, au scénario étonnant, qui marque les esprits tant il est différent dans le paysage de la bande dessinée. Avec quelques défauts cependant. J'attends de voir la suite, car même s'il s'agit d'un one-shot, l'édition et la fin ouverte laisse fortement supposer une suite.
La cuisine des ogres : Trois-fois-morte, de Fabien Vehlmann et Jean-Baptiste Andréae
Éditions Rue de Sèvres
Mars 2024
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