L'annonce [Marie-Hélène Lafon]

L'auteur : Marie-Hélène Lafon est née à Aurillac en 1962. Professeur de lettres, elle commence l'écriture en 1996 avec son premier roman Le soir du chien qui reçoit le prix Renaudot des lycéens.

L'annonce est son 8e roman.

L'histoire : Éric savait par cœur certaines annonces choisies, Célibataire quarante-quatre ans un mètre soixante-sept soixante-neuf kilos sans enfants chauffeur agriculteur cherche jeune femme aimant campagne voulant fonder un foyer heureux désirant enfants ; ou encore, Cherche compagne cinquante soixante-deux ans féminine (bien bustée) sans attaches pour vie alternée Paris campagne.
Paul, quarante-six ans, paysan à Fidières, Cantal, ne veut pas finir seul.
Annette, trente-sept ans, vit à Bailleul dans le Nord avec son fils. Elle n'a jamais eu de vrai métier. Elle a aimé Didier, le père d'Éric, mais ça n'a servi à rien. Elle doit s'en aller. Recommencer ailleurs. Elle répond à l'annonce que Paul a passée.

Mon avis : Un style bien particulier nous accueille dans cette histoire. Les phrases sont longues, on cumule les adjectifs sans ponctuation, donnant ainsi l'impression de vivre la situation et non d'en être l'auditeur. Quelques phrases et vous vous enfoncez dans ce monde taiseux et plein de l'amour de la terre, cette terre qu'on porte en soi et qu'il est si difficile de faire aimer à ceux qui n'y sont pas nés.
Le problème, c'est qu'au bout d'un moment, ce style et cette ponctuation si particulière m'ont dérangée et fatiguée. J'avais du mal à suivre et parfois à percevoir de qui on parlait. Surtout qu'il n'y a pas un seul dialogue, ne permettant pas au lecteur de s'ancrer dans une réalité temporelle.
La temporalité justement, Marie-Hélène Lafon en joue à fond : le roman commence alors qu'Annette et Éric sont déjà chez Paul. Annette découvre cette ferme, et surtout, dans un premier temps, cette vie à la campagne au fin fond de l'Auvergne, elle qui vient de la ville. Puis, par des sortes de flashbacks, on découvre le pourquoi de ce qui les a amenés là tous les deux, à cet instant, à cette rencontre, ces rencontres par petites touches, d'abord à Nevers, puis à Fridières où Annette, seule, doit se faire accepter. On assiste à cette vie en commun qui demande de s'accepter, d'accepter l'autre, qui pose le problème de l'intimité bien sûr, mais aussi de la place qu'on peut laisser dans notre vie à quelqu'un qu'on ne connaît presque pas.
La fin est un peu abrupte, sans chute véritable, nous laissant non pas l'impression d'avoir lu une histoire, mais plus d'avoir assister quelques personnages dans un instant de vie.
Même si le style m'a parfois déstabilisée, que j'ai eu des hauts et des bas avec ce livre, il reste une très jolie et touchante histoire de deux solitudes qui se découvrent et s'apprivoisent.


Objectif PAL : -16

Commentaires

  1. Je devrais récupérer ce roman la semaine prochaine à la bibliothèque donc je mets précieusement ton billet de côté et j'y reviendrai après lecture !

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  2. J'attends ton avis avec impatience.

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  3. Je crois que je ne vais pas me laisser tenter.

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  4. Bon moi non plus je ne me laisserais pas tenter ;-)

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  5. Ce n'est pourtant pas une lecture si désagréable :-)

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  6. J'hésite beaucoup sur ce livre. On en entend parler certes, mais avec des avis très contrastés...

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  7. Le meilleur moyen serait de prendre du recul et de le lire toi même :-)

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  8. Ah, je ne savais pas que la ponctuation était fantaisiste. Bon, c'est judicieux de le savoir, merci !

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  9. Je n'ai pas ressenti ce que tu évoques lorsque tu écris : "J'avais du mal à suivre et parfois à percevoir de qui on parlait", mais pour le reste je trouve que nos avis se rejoignent pas mal.

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  10. Au tout début, j'ai été perturbée par le style, et je ne comprenais pas certaines fois à quel nom se rapportait tel adjectif. Puis je m'y suis faite...

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