Les révoltés de Cordoue [Ildefonso Falcones]
L'auteur : Né en 1958, Ildefonso Falcones est un avocat et écrivain barcelonais. Après La cathédrale de la mer, Les révoltés de Cordoue est son second roman.
L'histoire : 1568. Royaume de Grenade. Écrasés par l'Inquisition, humiliés par des années d'oppression, les Maures prennent les armes et font couler le sang dans les villages blancs de la Sierra Nevada. Né d'une Mauresque violée par un prêtre catholique, Hernando dit "le nazaréen", en raison de ses yeux bleus, est entraîné dans ce combat qu'il fera sien. Méprisé par les uns, rejeté par les autres, il est confronté durant l'insurrection à la violence et à la cruauté des deux partis ; il va surtout rencontrer celle qui deviendra son grand amour.
Tour à tour muletier, esclave entre les mains des Barbaresques, dresseur dans les haras royaux de Cordoue, et lettré à la Cour, Hernando, porté par la superbe et courageuse Fatima, n'aura de cesse de lutter, au péril de sa vie, pour réconcilier les deux religions en guerre et rendre à sa culture la dignité et la place qu'elle mérite.
À la suite de ses inoubliables héros, Hernando et Fatima, Les révoltés de Cordoue nous entraîne dans une fresque historique et amoureuse traversée par le rêve de tout un peuple.
Mon avis : Dans La cathédrale de la Mer, Ildefonso Falcones nous contait l'histoire de Barcelone au travers de la vie d'un homme jusqu'à sa mort. Ici, on retrouve le même principe : on suit le périple d'un jeune maure dans l'Espagne de la fin du XVIe siècle, de sa naissance à sa mort. Cette Espagne digère encore la chute des califes de Cordoue et des Rois de Grenade vaincus par les rois Chrétiens. De nombreux Maures vivent encore dans ces régions, exploités par les seigneurs Chrétiens, contraints de se convertir par la force et scrutés au quotidien par l'impitoyable Inquisition espagnole. Il subissent les pires humiliations sans aucun espoir de s'en sortir. En vain, ils tentent par tous les moyens possibles de conserver leur religion, mais surtout leur culture et leurs traditions.
Voici donc le contexte dans lequel on suit le héros du livre, Hernando Ruiz alias Ibn Hamid, jeune Maure qui va lutter toute sa vie durant pour conserver son identité, alors qu'il est rejeté par les maures car trop chrétien et inversement avec les Chrétiens. Je vous laisse découvrir les événements historiques qui font le véritable intérêt du récit. Ce XVIe siècle espagnol fut très mouvementé : le commerce avec les Amériques, les guerres contre les Ottomans, l'épisode catastrophique de la Grande Armada espagnole qui devait envahir l'Angleterre et qui sombra corps et âmes. Les Maures ne pesèrent pas bien lourd dans la balance de l'Histoire...
J'ai apprécié le fait que l'auteur nous rappelle l'extraordinaire culture maure qui a érigé la mosquée de Cordoue et l'Alhambra de Grenade, les 2 merveilles de l'Islam en Occident, que les Espagnols n'ont pas vraiment respecté à leur juste titre ; l'époque n'y était pas propice. Sans parler de la plus grande bibliothèque du monde à Cordoue qui fut brûlée par les Maures eux-mêmes dans un brutal accès de fanatisme islamique. La reconstitution faite par l'auteur est très précise et repose sur des éléments réels qu'il adapte à son histoire. On apprend beaucoup des relations entre Musulmans et Chrétiens de l'époque ! Par exemple, le rapport à la femme : chez les deux, la femme ne vaut pas grand chose et on la possède avant tout mais les Maures acceptent le plaisir charnel en privé alors que les Chrétiens ne tolèrent que la procréation en position papa-maman et chemise de nuit (à part quand les hommes vont au bordel bien évidemment). Mais, quel travail monumental de l'auteur encore une fois...
La première partie du livre est très vive et se lit d'un trait. Le style m'a semblé plus fluide que pour son premier livre mais étant une traduction, il est toujours difficile de juger. On y suit le jeune Hernando qui se retrouve emporter dans la révolte des Maures qui devient une véritable guerre contre les Chrétiens avec toutes les atrocités possibles dans les deux camps. Hernando va y découvrir l'amour, la mort, l'horreur, la haine et dans ce parcours initiatique où il se fera des amis et des ennemis, le destin va tisser une toile qui va décider implacablement de sa vie future. Il se retrouve coincé entre sa foi musulmane à laquelle il voue une obéissance aveugle, voire absurde parfois, et son obligation de se comporter en Chrétien pour survivre, tout en étant rejeté par les siens car né d'un viol par un Chrétien (un curé qui plus est... Cyniquement, disons que ça évitait de rompre les vœux de célibat !).
La deuxième partie du livre se passe en grande partie à Cordoue (et Grenade) où Hernando doit s'installer après la capitulation sans condition des Maures. Le livre devient plus lent à ce moment-là, malgré les événements qui vont ponctuer la vie du héros. J'avoue avoir ressenti une certaine lassitude au fur et à mesure que je voyais l'intrigue arriver avec ses gros sabots. Je me suis fait plusieurs fois la remarque que le pauvre Hernando n'avait vraiment pas de bol d'être tombé sur des gens aussi cruels et pervers. En plus, l'auteur l'affuble d'une chance presque indécente pour le sortir à chaque fois des pires situations. Ce côté implacable du destin m'a laissé un sentiment de facilité : je n'aime pas les héros prédestinés dont la vie est un train sur des rails uniques avec une seule destination. Malgré tout, l'ensemble reste agréable car il y a de l'amour, de l'aventure et on apprend beaucoup de choses au passage.
La fin du livre voit un Hernando vieillissant essayer d'ourdir un complot à base de Vierge Marie, de textes et de reliques sacrés falsifiés. Son but est de rapprocher les deux religions et ainsi éviter l'ire des Chrétiens contre les Maures. J'ai eu du mal à suivre la réflexion du héros. Son but n'est jamais de démontrer que les deux religions sont les mêmes moyennant 2 ou 3 détails sans intérêt, que le Dieu est le même et que se combattre n'a aucun sens. Son but est de prouver que la religion véritable est l'Islam et que Son Dieu est le seul et l'unique. Ça m'a un peu énervé d'entendre ce discours, même si replacer dans le contexte historique, il est tout à fait logique : avoir des pensées non partisanes voire laïques envers un camp ou l'autre devait être totalement impossible.
Au final, je dirais que c'est un roman historique fleuve qui vous emportera dans une époque assez méconnue et complexe, décrite d'une manière très simple et accessible. Je trouve toutefois le livre un peu trop long et le discours un peu trop simpliste parfois. Malgré les horreurs des Chrétiens et des Maures qui poussaient les communautés à se haïr, à force de réfléchir en mono-pensées du genre "c'est moi qui ai raison", ça ne risquait pas beaucoup d'avancer. D'ailleurs, ça n'a pas beaucoup avancé et l'incompatibilité urticante Christianisme vs Islam est encore bien présente de nos jours et c'est bien dommage.
Comme dans La cathédrale de la Mer, je trouve qu'il manque chez Falcones un souffle épique et une certaine finesse que je trouve beaucoup plus chez Ken Follett. Après ces 850 pages de récit plutôt agréable mais assez linéaire, directif et manichéen, j'ai désormais besoin d'un récit plus court, plus brut, percutant, poétique et peut-être plus complexe...
Une lecture en partenariat avec Newsbook et les éditions Robert Laffont.
Voici donc le contexte dans lequel on suit le héros du livre, Hernando Ruiz alias Ibn Hamid, jeune Maure qui va lutter toute sa vie durant pour conserver son identité, alors qu'il est rejeté par les maures car trop chrétien et inversement avec les Chrétiens. Je vous laisse découvrir les événements historiques qui font le véritable intérêt du récit. Ce XVIe siècle espagnol fut très mouvementé : le commerce avec les Amériques, les guerres contre les Ottomans, l'épisode catastrophique de la Grande Armada espagnole qui devait envahir l'Angleterre et qui sombra corps et âmes. Les Maures ne pesèrent pas bien lourd dans la balance de l'Histoire...
J'ai apprécié le fait que l'auteur nous rappelle l'extraordinaire culture maure qui a érigé la mosquée de Cordoue et l'Alhambra de Grenade, les 2 merveilles de l'Islam en Occident, que les Espagnols n'ont pas vraiment respecté à leur juste titre ; l'époque n'y était pas propice. Sans parler de la plus grande bibliothèque du monde à Cordoue qui fut brûlée par les Maures eux-mêmes dans un brutal accès de fanatisme islamique. La reconstitution faite par l'auteur est très précise et repose sur des éléments réels qu'il adapte à son histoire. On apprend beaucoup des relations entre Musulmans et Chrétiens de l'époque ! Par exemple, le rapport à la femme : chez les deux, la femme ne vaut pas grand chose et on la possède avant tout mais les Maures acceptent le plaisir charnel en privé alors que les Chrétiens ne tolèrent que la procréation en position papa-maman et chemise de nuit (à part quand les hommes vont au bordel bien évidemment). Mais, quel travail monumental de l'auteur encore une fois...
La première partie du livre est très vive et se lit d'un trait. Le style m'a semblé plus fluide que pour son premier livre mais étant une traduction, il est toujours difficile de juger. On y suit le jeune Hernando qui se retrouve emporter dans la révolte des Maures qui devient une véritable guerre contre les Chrétiens avec toutes les atrocités possibles dans les deux camps. Hernando va y découvrir l'amour, la mort, l'horreur, la haine et dans ce parcours initiatique où il se fera des amis et des ennemis, le destin va tisser une toile qui va décider implacablement de sa vie future. Il se retrouve coincé entre sa foi musulmane à laquelle il voue une obéissance aveugle, voire absurde parfois, et son obligation de se comporter en Chrétien pour survivre, tout en étant rejeté par les siens car né d'un viol par un Chrétien (un curé qui plus est... Cyniquement, disons que ça évitait de rompre les vœux de célibat !).
La deuxième partie du livre se passe en grande partie à Cordoue (et Grenade) où Hernando doit s'installer après la capitulation sans condition des Maures. Le livre devient plus lent à ce moment-là, malgré les événements qui vont ponctuer la vie du héros. J'avoue avoir ressenti une certaine lassitude au fur et à mesure que je voyais l'intrigue arriver avec ses gros sabots. Je me suis fait plusieurs fois la remarque que le pauvre Hernando n'avait vraiment pas de bol d'être tombé sur des gens aussi cruels et pervers. En plus, l'auteur l'affuble d'une chance presque indécente pour le sortir à chaque fois des pires situations. Ce côté implacable du destin m'a laissé un sentiment de facilité : je n'aime pas les héros prédestinés dont la vie est un train sur des rails uniques avec une seule destination. Malgré tout, l'ensemble reste agréable car il y a de l'amour, de l'aventure et on apprend beaucoup de choses au passage.
La fin du livre voit un Hernando vieillissant essayer d'ourdir un complot à base de Vierge Marie, de textes et de reliques sacrés falsifiés. Son but est de rapprocher les deux religions et ainsi éviter l'ire des Chrétiens contre les Maures. J'ai eu du mal à suivre la réflexion du héros. Son but n'est jamais de démontrer que les deux religions sont les mêmes moyennant 2 ou 3 détails sans intérêt, que le Dieu est le même et que se combattre n'a aucun sens. Son but est de prouver que la religion véritable est l'Islam et que Son Dieu est le seul et l'unique. Ça m'a un peu énervé d'entendre ce discours, même si replacer dans le contexte historique, il est tout à fait logique : avoir des pensées non partisanes voire laïques envers un camp ou l'autre devait être totalement impossible.
Au final, je dirais que c'est un roman historique fleuve qui vous emportera dans une époque assez méconnue et complexe, décrite d'une manière très simple et accessible. Je trouve toutefois le livre un peu trop long et le discours un peu trop simpliste parfois. Malgré les horreurs des Chrétiens et des Maures qui poussaient les communautés à se haïr, à force de réfléchir en mono-pensées du genre "c'est moi qui ai raison", ça ne risquait pas beaucoup d'avancer. D'ailleurs, ça n'a pas beaucoup avancé et l'incompatibilité urticante Christianisme vs Islam est encore bien présente de nos jours et c'est bien dommage.
Comme dans La cathédrale de la Mer, je trouve qu'il manque chez Falcones un souffle épique et une certaine finesse que je trouve beaucoup plus chez Ken Follett. Après ces 850 pages de récit plutôt agréable mais assez linéaire, directif et manichéen, j'ai désormais besoin d'un récit plus court, plus brut, percutant, poétique et peut-être plus complexe...
Une lecture en partenariat avec Newsbook et les éditions Robert Laffont.
je l'ai trouvé trop long surtout le début, j'ai préféré "La cathedrale de la mer".
RépondreSupprimerJ'avais trouvé longue la cathédrale par moment ce que je n'avais pas ressenti chez Fowlett. c'est marrant que tu trouves le début long, moi c'est plus la fin :)... Bon allez disons qu'on y apprend pas mal de choses et que ça reste un roman historique très correct qui aurait pu être un peu compressé!
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