L'instant de ma mort [Maurice Blanchot]
L'auteur : Maurice Blanchot est un romancier, philosophe et critique littéraire français, né en septembre 1907 et mort en février 2003.
L'histoire : Ce court texte décrit comment le narrateur échappe de justesse à la mort par fusillade durant la Seconde Guerre Mondiale, un jour de juin 1944.
Mon avis : Il faut tout de même que je vous parle de ce roman. Enfin, quand je dis roman, je me comprends. L'autre jour, un collègue, aux lectures plutôt philosophiques qui ne me correspondent pas du tout, apporte, dans la salle où nous déjeunions tous, ce petit livre. Petit, oui, car il compte en tout et pour tout quoi... moins de 10 pages écrites ? Eh oui ! Il nous a demandé de le lire, car il ne comprenait pas la fin. Une sorte d'exercice de style, pourquoi pas ? J'ai donc fait la lecture. Et là, je vous l'avoue, nous avons bien rigolé.
Hermétique est un adjectif qu'on peut souvent voir appliqué à la prose de Blanchot. Et on comprend pourquoi. Le tout premier paragraphe m'a tout de suite fait froncer les sourcils et me demander si je n'avais pas loupé un mot quelque part. Le reste de la lecture a été prétexte à jeux de mots et calembours en tout genre. Mais au delà de ça, si j'ai tenu à vous en parler, c'est que j'ai trouvé ici une façon originale d'aborder la mort. Blanchot décrit cette instant de sa mort d'autant mieux qu'il l'a réellement vécu. Il nous fait partager la peur, viscérale, puis l'abandon, voire une part de bonheur à lâcher prise, à renoncer et à accepter, une forme de légèreté presque. Écrit avec recul, une sorte de neutralité face aux faits brutaux d'un peloton d'exécution nazie, on sent transparaître une certaine sérénité.
Se pose aussi la question de sa survie. Pourquoi lui ? Il doit sa vie à un concours de circonstances, à la perception qu'avait un escadron d'étrangers d'une demeure imposante et noble.Enfin, mais là, je ne sais pas où, certains y voit un rapport à la littérature et au témoignage, au pouvoir de l'écrivain. Il faut savoir que le thème de la mort est un thème important de l’œuvre de Blanchot et qu'il livre potentiellement ici une clé de lecture pour ces autres œuvres. Un moment qu'il a passé, mais qui peut revenir à tout instant.Alors oui, à partir de là, on peut dériver sur des considérations entre fiction et témoignage. Mais est-ce le propos premier de ce roman, je ne le crois pas.
Soyons clair, je ne recommande pas particulièrement ce roman (d'autant que le prix de 6€ pour moins de 10 pages écrites me semble tout simplement ahurissant), mais j'avoue que cette lecture a été génératrice de bien des questions et des discussions. Derrida y consacra d'ailleurs un livre entier, Demeure.
Je n'ai jamais entendu parler de cet ouvrage-là, mais on nous a rebattu les oreilles avec Blanchot, en prépa... Du coup, je t'avoue que je n'étais déjà que peu décidée à me jeter dessus !
RépondreSupprimerUn auteur qui m'est inconnu (ou, mon manque de culture). Il est vrai qu'à ce prix-là, je ne peux pas me l'offrir. ou alors à plusieurs pour un moment de détente à la cantine.
RépondreSupprimer@ Neph : pour moi, c'était une parfaite découverte. Jamais entendu parler malgré des études de lettres à la Sorbonne !
RépondreSupprimer@ Alex Mot-à-Mots : boarf pour le manque de culture. Comme je le disais à Neph, je ne le connaissais pas non plus. Et puis, vu le prix pour aussi peu de pages, je ne l'aurais jamais acheté !
Alors je viens de le lire sur tes "conseils"... euh... j'ai pas tout digéré encore je crois :x
RépondreSupprimer@ Loesha : eh eh, n'est ce pas :-)
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