Du domaine des Murmures [Carole Martinez]
L'auteur : Née en 1966, Carole Martinez est une romancière française également professeur de français. Le cœur cousu, son premier roman, a remporté plusieurs prix. Du domaine des Murmures est son second roman. Paru en 2011, il a reçu le prix Goncourt des Lycéens.
L'histoire : En 1187, le jour de son mariage, devant la noce scandalisée, la jeune
Esclarmonde refuse de dire «oui» : elle veut faire respecter son vœu de
s'offrir à Dieu, contre la décision de son père, le châtelain régnant
sur le domaine des Murmures. La jeune femme est emmurée dans une cellule
attenante à la chapelle du château, avec pour seule ouverture sur le
monde une fenestrelle pourvue de barreaux. Mais elle ne se doute pas de
ce qui est entré avec elle dans sa tombe... Loin de gagner la solitude à
laquelle elle aspirait, Esclarmonde se retrouve au carrefour des
vivants et des morts. Depuis son réduit, elle soufflera sa volonté sur
le fief de son père et ce souffle l'entraînera jusqu'en Terre sainte.
Mon avis : J'avais beaucoup entendu parler sur la blogosphère des romans de Carole Martinez, qui rencontrent un franc succès. Si le premier n'a pas su retenir mon attention, l'histoire du second, narrant les confessions d'une recluse au XIIe siècle en France, qui a préféré s'enfermer entre quatre murs plutôt que se voir imposer un mari qu'elle n'aime pas, cette histoire donc, m'a intriguée suffisamment pour que je me lance.
Esclarmonde le dit elle-même : " J'ai creusé ma foi pour m'évader et cette évasion passe par le reclusoir". Elle s'enferme pour être libre. Car en ce monde moyen-âgeux, les femmes n'ont pas de voix. En tant que recluse, la jeune fille se construira une influence qui lui est inatteignable autrement. Si, à 15 ans, cet enfermement lui semble facile, les années qui vont suivre lui ouvriront, au fond de ses quatre murs que seule la fenestrelle vient aérer, bien des opportunités. Car à cette époque, la foi est bien puissante. Elle donne d'ailleurs à Esclarmonde la vision des croisades, où elle a envoyé son père à la mort, seul moyen pour qu'il s'absolve de ses pêchés. Sous le soleil incessant, c'est un véritable calvaire que vit cette sainte armée, partie à la conquête d'un monde qui n'est pas le sien pour libérer le tombeau du Christ.
Chaque fin de chapitre annonce un rebondissement et relance l'intérêt du lecteur, déjà tenu par la voix entêtante d'Esclarmonde, jeune fille qui porte sur son entourage un regard bienveillant mais clair. Si j'ai eu peur au début de ma lecture du style riche de Carole Martinez, avec des incursions parfois vers de la poésie digne des troubadours de l'époque, je reconnais qu'il fallait son talent pour porter par delà les siècles la voix de cette jeune fille loin d'être une sainte. L'auteur nous livre dans ces faux mémoires toute la complexité d'un temps où les croyances locales se mêlaient à la foi catholique, où les femmes n'avaient que peu de poids et de voix face aux hommes tout puissants. Moi qui suis peu portée sur la spiritualité, j'ai trouvé chez Esclarmonde un personnage vraiment touchant et vivant, malgré la prison dans laquelle elle a choisi de s'enfermer.
Une lecture agréable et intéressante par laquelle j'ai eu plaisir à me laisser porter.
Esclarmonde le dit elle-même : " J'ai creusé ma foi pour m'évader et cette évasion passe par le reclusoir". Elle s'enferme pour être libre. Car en ce monde moyen-âgeux, les femmes n'ont pas de voix. En tant que recluse, la jeune fille se construira une influence qui lui est inatteignable autrement. Si, à 15 ans, cet enfermement lui semble facile, les années qui vont suivre lui ouvriront, au fond de ses quatre murs que seule la fenestrelle vient aérer, bien des opportunités. Car à cette époque, la foi est bien puissante. Elle donne d'ailleurs à Esclarmonde la vision des croisades, où elle a envoyé son père à la mort, seul moyen pour qu'il s'absolve de ses pêchés. Sous le soleil incessant, c'est un véritable calvaire que vit cette sainte armée, partie à la conquête d'un monde qui n'est pas le sien pour libérer le tombeau du Christ.
Chaque fin de chapitre annonce un rebondissement et relance l'intérêt du lecteur, déjà tenu par la voix entêtante d'Esclarmonde, jeune fille qui porte sur son entourage un regard bienveillant mais clair. Si j'ai eu peur au début de ma lecture du style riche de Carole Martinez, avec des incursions parfois vers de la poésie digne des troubadours de l'époque, je reconnais qu'il fallait son talent pour porter par delà les siècles la voix de cette jeune fille loin d'être une sainte. L'auteur nous livre dans ces faux mémoires toute la complexité d'un temps où les croyances locales se mêlaient à la foi catholique, où les femmes n'avaient que peu de poids et de voix face aux hommes tout puissants. Moi qui suis peu portée sur la spiritualité, j'ai trouvé chez Esclarmonde un personnage vraiment touchant et vivant, malgré la prison dans laquelle elle a choisi de s'enfermer.
Une lecture agréable et intéressante par laquelle j'ai eu plaisir à me laisser porter.
coucou
RépondreSupprimerpersonnellement, j'ai préféré Le coeur cousu de Carole Martinez, même si celui-ci est très beau et bien écrit, je lui ai trouvé des longueurs, notamment les croisades.
Par contre, je ne l'avais pas vu comme ça, j'aime bien lire les avis des autres blogueurs pour cette raison, voir à côté de quoi je suis passée pendant ma lecture.
bonne journée
Une auteure avec laquelle j'ai du mal. Je n'arrive pas à me laisser porter.
RépondreSupprimer@ Cassie : je n'ai pas encore lu "Le coeur cousu". J'avoue que l'histoire ne me tente pas. Mais maintenant que j'ai lu et apprécié celui-ci, je tenterai peut être s'il me tombe dans les mains.
RépondreSupprimer@ Alex-Mots-à-Mot : c'est ce que je craignais aussi. Mais sur ce roman-ci, la magie a fonctionné. On a parfois du mal à expliquer pourquoi ça fonctionne ou pas.