BD Express #14

Asgard, de Ralph Meyer et Xavier Dorison

Pour les Vikings, un « skräeling » est un infirme de naissance, autant dire une malédiction. Pourtant, Asgard, ancien guerrier de la Hilde, surnommé "Pied-de-fer" à cause de sa jambe d'acier, est le plus grand chasseur du Fjördland. Embarqué sur un drakkar de fortune, Asgard se lance à la poursuite d'un monstre marin mystérieux qui massacre les pêcheurs. Tandis qu'ils s'enfoncent dans les fjörds glacés, ses compagnons de voyage se persuadent que la créature qu'ils poursuivent est le serpent-monde, dont la venue annonce la fin du monde viking... Le Ragna Rök.

Après Undertaker j'ai voulu découvrir une autre collaboration des deux compères et il s'avère que la bibliothèque avec ce diptyque. Un poil compliqué à aborder quand on n'est pas familier de la mythologie nordique. Mais intelligemment, un petit lexique placé en début de volume rappelle les expressions essentielles. L'histoire est somme toute assez classique : un duel entre l'homme d'expérience et le monstre millénaire qui se transforme en passation d'une génération à une autre. On pense forcément à Moby Dick alors que la tension monte, que les rôles de chasseur et de proie se mélangent. Les personnages se dévoilent doucement. Le dessin est sombre mais beau. De belles qualités donc, mais une lecture qui ne m'a pas plus marquée que ça.


Le manoir des murmures, de  Muñoz, Tirso et Montes

1949, en Europe centrale. Un orphelinat d'un genre très spécial accueille, dans un inquiétant manoir, des enfants touchés par un étrange virus...
Mais quelle est cette maladie, et qui sont ces médecins chargés de l'étudier et de l'éradiquer? Et que veulent les voix qui raisonnent à travers les murs et dans la tête de Sarah, petite fille de 10 ans qui se découvre un côté sombre ?
En découvrant la vraie nature de Simon et le véritable effet de son traitement, Sarah apprendra à ses dépens que la limite est floue entre l'humanité et la monstruosité, le bien et le mal, et la science utilisée pour se sauver ou pour se venger. Sur les cendres du manoir, elle devra quitter son regard d'enfant et trouver sa propre voie.

Les dessins sont beaux mais la colorisation très sombre rend l'histoire plus difficilement lisible. Dans les ombres la menace rôde, sans que le lecteur ne comprenne tout de suite quelle forme elle peut prendre. L'atmosphère est pesante. Le prisme du regard d'enfant pourrait apporter une nouveauté sauf que Sarah n'a guère le comportement d'une jeune fille de son âge : elle est trop adulte dans ses remarques et ses questionnements. Il n'y a pas grande originalité dans cette histoire de monstres vampiriques et de chasseurs revisitée.


Canoë bay, de Tiburce Oger et Patrick Prugne

Jack, un jeune orphelin acadien, se retrouve enrôlé de force par la marine marchande britannique. Il est, parmi des milliers, une victime du « Grand dérangement », épisode douloureux de l’histoire américaine, au cours duquel les anglais déportèrent les habitants de l’Acadie vers leurs colonies de la côte Atlantique. Canoë Bay retrace l’histoire de cet enfant soumis aux terribles conditions de la vie sur le « Virginia », dont l’équipage, composé d’anciens bagnards emmenés par le bien nommé « Lucky Roberts », se mutine bientôt. Devenus pirates, Jack et les siens devront apprendre à se méfier des Anglais, des Français, et de quelques « faux » frères de la côte...

Les dessins sont magnifiques. Les aquarelles tout en douceur et pleines de détails réjouissent les prunelles du lecteur. Par contre, le scénario pèche même si j'ai apprécié l'ancrage historique vraiment intéressant que travaille Tiburce Oger. Mais les personnages sont peu attachants et l'ensemble manque de densité pour faire vibrer le lecteur à cette histoire de piraterie.

Aquarelle de Canoë bay

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