M.O. : Modus Operandi : la secte du serpent [Nathalie Cohen]

L'auteur : Nathalie Cohen enseigne les lettres classiques, le grec et le latin. Elle est déjà l'auteur d'un essai sur la rencontre entre Juifs, Grecs et Romains dans l'Antiquité. Elle s'essaie ici au roman policier.

L'histoire : Rome, en l'an 54, sous le règne de Néron. De riches pères de famille, atteints d'un mal étrange, trouvent la mort le soir chez eux dans divers quartiers de la ville. L'homme qui se charge de l'enquête découvre petit à petit que ces disparitions sont l’œuvre concertée d'un mystérieux groupe de jeunes gens qui suivent toujours le même mode opératoire.

L'enquêteur, Marcus Tiberius Alexander, est un vigile gradé des patrouilles dites "les yeux de Rome", chargées de circonscrire les incendies et la délinquance nocturne. Il est aux prises avec Lucius Cornelius Lupus, un jeune et ambitieux fils de sénateur, dévoré par la passion du jeu. Le premier, d'origine étrangère, met tout en œuvre pour resserrer l'étau sur le second, favorisé par son rang.

Mais la vérité qu'il met au jour est terrifiante.

Mon avis : J'ai été attirée par le contexte proposée, peu courant et qui me donnait très envie. Celui de la Rome antique, de ses us et coutumes et de ses temples. En cela, je ne suis pas du tout déçue : Nathalie Cohen connait visiblement bien le décor dans lequel elle nous plonge. Les luttes de pouvoir, les traditions, les tenues, tout cela prend vie sous nos yeux et c'est un régal. Avec une mention spéciale pour la description de la lutte contre les incendies au cœur de la capitale, majoritairement faite de bois. Quand on sait que la ville sera presque détruite quelques temps plus tard par un gigantesque incendie...

Là où le bas blesse, c'est sur les personnages et l'enquête qui manquent d'intensité à mon goût. L'auteur construit son récit clairement comme un premier épisode d'une série, cherchant à préserver des éléments de découverte de son personnage principal pour la suite au lieu de se concentrer pour proposer une vraie histoire qui tient bien la route.

L'autre problème, c'est le niveau de langue utilisé. Entre les termes d'argot mis dans la bouche des personnages (fric, perché...) juste à côté de termes bien plus   et les constructions de phrase plus que discutables, ce langage a été plus d'une fois un frein à ma lecture. Vous pouvez en voir un exemple ci-dessous : on a du passé simple, un terme que je ne connaissais pas (apotropaïque) et une négation manquante. À se demander si des correcteurs sont passés sur ce manuscrit !

"Je ne pus m'empêcher de lui sourire. Même un médecin comme Alcibiades pouvait avoir ses petits grigris apotropaïques. C'était pas plus mal ; là où j'allais, j'en aurais sûrement besoin." (p°130)

Bref, une lecture très mitigée.

M.O. : Modus Operandi : la secte du serpent, de Nathalie Cohen
Éditions Denoël
Avril 2019

Commentaires

Alex Mot-à-Mots a dit…
Beaucoup de bémols dans cette lecture.
La chèvre grise a dit…
@ Alex MOt-à-mots : comme souvent en fait je trouve sur les romans policiers historiques comme ça. Ça tient rarement la route par tous les aspects. En ce moment je lis "L'énigme du clos Mazarin" de Jean d'Aillon et on voit bien la différence : il maîtrise à la fois l'aspect historique et les codes du genre policier.

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