Abandon de lecture #13

Rousse ou les beaux habitants de l'univers, de Denis Infante
Éditions Tristram

L'histoire
: Sur une terre que l'homme semble avoir désertée, où l'eau est devenue rarissime, tous les vivants - "mobiles autant qu'immobiles", - souffrent de la soif. Les végétaux dépérissent. Les animaux aquatiques aussi, pris au piège de l'évaporation de leurs demeures. Au retour de leurs longs périples, les oiseaux migrateurs n'apportent pas de bonnes nouvelles : partout la sécheresse sévit.
"Quelques-uns pourtant avaient osé, s'étaient décidés pour une des quatre directions, par choix ou guidés par pur hasard, et s'étaient mis en marche, droit devant. Rousse était de ceux-là."

Mon avis : Un parti pris de l'auteur qui retire tous les articles définis et indéfinis des phrases. Pour être au plus près de la pensée de l'animal ? Le problème dans ce cas, c'est de lui prêter aussi des élans poétiques, des successions d'adjectifs qualificatifs qui ne sont pas cohérents avec l'idée initiale. Ce qui fait que je n'ai pas adhéré au récit, je ne me suis pas attachée à Rousse et à son périple, j'ai fini par me lasser et abandonner ce roman. Dommage parce que le propos d'une dystopie vue par les animaux était intéressant.


Le dernier des siens, de Sibylle Grimbert
Éditions J'ai Lu

L'histoire : 1835. Gus, un jeune zoologiste, est envoyé par le musée d'Histoire naturelle de Lille pour étudier la faune du nord de l'Europe. Lors d'une traversée, il assiste au massacre d'une colonie de grands pingouins et sauve l'un des leur. Il le ramène chez lui aux Orcades et le nomme Prosp. Sans le savoir, Gus vient de récupérer celui qui sera le dernier spécimen sur terre de l'oiseau.
Au cours des quinze années suivantes, Gus et Prosp vont voyager des îles Féroé vers l'Islande. Gus prend progressivement conscience qu'il est peut-être le témoin dune chose inconcevable à l'époque : l'extinction d'une espèce. Alors qu'il a fondé une famille, il devient obsédé par le destin de son ami à plumes, au détriment de tout le reste. Mais il vit une expérience unique, à la portée métaphysique troublante : que veut dire aimer ce qui ne sera plus jamais ?

Mon avis : L'idée était alléchante, d'autant que je suis assez fascinée par l'histoire similaire qui est arrivée au dodo. Et tout commençait bien, avec une scène d'anthologie où des marins massacrent à qui mieux mieux les étranges volatiles et leurs œufs. On sent toute l'imbécilité de ces hommes venus pour l'argent et seulement l'argent, qui ne voient pas à long terme le mal qu'ils font à l'espèce et à leur propre avenir.

Seulement, même si elle est belle, la plume de Sibylle Grimbert m'a lassée. Parce qu'il ne se passe rien dans ce premier tiers de roman lu : Gus se demande inlassablement ce qu'il doit faire de Prosp. Certes, il s'y attache mais le récit donne des détails sans fin sur l'oiseau, étant ainsi bien plus proche d'une étude ornithologique que d'un roman ; et il y a assez peu de choses sur le thème de l'extinction lui-même. Enfin, le personnage de Gus est assez énervant, devant son questionnement permanent, son innocence confinant à la naïveté voire à la bêtise. Bref, ce livre manque vraiment d'un souffle romanesque qui pourrait emporter pleinement le lecteur.


L'allègement des vernis, de Paul Saint Bris
Éditions Philippe Rey pour Kindle

L'histoire : Aurélien est directeur du département des Peintures du Louvre. Cet intellectuel nostalgique voit dans le musée un refuge où se protéger du bruit du monde. Mais la nouvelle présidente, Daphné – une femme énergique d’un pragmatisme désinhibé –, et d’implacables arguments marketing lui imposent une mission aussi périlleuse que redoutée : la restauration de La Joconde.
À contrecoeur, Aurélien part à la recherche d’un restaurateur assez audacieux pour supporter la pression et s’attaquer à l’ultime chef-d’oeuvre. Sa quête le mène en Toscane, où il trouve Gaetano, personnalité intense et libre. Face à Monna Lisa, l’Italien va confronter son propre génie à celui de Vinci, tandis que l’humanité retient son souffle…

Mon avis : J'ai commencé ma lecture plutôt emballée par l'idée et la thématique culturelle. J'ai beaucoup aimé le début, qui nous plonge dans les coulisses du prestigieux musée du Louvre et du monde de la restauration d'oeuvres d'art. Le problème c'est qu'à presque la moitié, ce roman s'enlise atrocement. On assiste aux atermoiements du personnage principal, Aurélien, qui est d'une mollesse effroyable, au point de ne plus être crédible. Comment un tel individu aurait pu avoir les capacités pour occuper un poste aussi important dans un musée de renommée mondiale, dans un département qui s'occupe rien de moins que de LA peinture la plus importante au monde. Le personnage d'Homero m'a intriguée au début également, mais à la moitié, je ne sais toujours pas quel est son rôle et en quoi ses élucubrations sanitaires dans les salles du musée peuvent avoir le moindre intérêt.

Et comme si l'ennui provoqué par les personnages ne suffisait pas, l'auteur finit par nous noyer sous une overdose soporifique de détails techniques répétitifs : c'est inutilement bavard au lieu d'être précis et didactique. Dommage donc, car il y avait là une belle matière pour envouter, divertir, interroger et instruire tout en même temps.

Commentaires

  1. Je me souviens de ne pas avoir aimé Rousse non plus. Mais j'avais adoré L'enlèvement des vernis.

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    1. Je pense que j'aurais été moins sévère avec L'allègement des vernis si je l'avais lu à une autre période. Mais là, le personnage principal m'a agacée.

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  2. Comme alex, j'ai aimé l'allègement des vernis!
    Pour le deuxième, comme je venais de lire un truc plus biographique où on parlait de cet oiseau, je n'ai pas voulu lire l'autre plus romancé

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  3. Quel dommage pour "Le dernier des siens", ce roman m'a beaucoup plu !

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    1. Je retenterai peut être plus tard. Des fois, ce n'est juste pas la bonne période. Il est allé se balader dans ma famille, il reviendra.

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  4. "Rousse" ne me tente pas du tout, rien que l'idée de sa particularité stylistique, qui semble gratuite, me laisse sceptique. En revanche, comme Sandrine, j'ai beaucoup aimé le roman de Sybille Grimbert, dont la lenteur ne m'a pas gênée, je trouve qu'elle traduit la prise de conscience progressive du héros sur le destin vertigineux de ce dernier représentant d'une espèce..

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    1. Pour Rousse, il y a de l'idée, mais quand ça vire plus à l'exercice de style qu'à un réel intérêt dans la narration, c'est gênant. Pour le Grimbert, je retenterai peut être.

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