Le récital des anges [Tracy Chevalier]
Encore trois ans ce sont écoulés depuis ma dernière lecture d'un roman de Tracy Chevalier, en l'occurrence La brodeuse de Winchester. Ce Récital des anges est un roman plus ancien qui a longtemps trainé dans ma PAL et que j'ai inclus dans ma PAL de reliques à sortir en 2025.
L'histoire : Londres, janvier 1901 : La reine Victoria vient de mourir. Comme la coutume l'impose, les familles se rendent au cimetière. Leurs tombes étant mitoyennes, les Waterhouse et les Coleman font connaissance et leurs petites filles se lient immédiatement d'amitié. Pourtant, les familles n'ont pas grand-chose en commun. L'une incarne les valeurs traditionnelles de l'ère victorienne et l'autre aspire à plus de liberté. Dans le cimetière, véritable cœur du roman, Lavinia et Maude se retrouvent souvent et partagent leurs jeux et leurs secrets avec Simon, le fils du fossoyeur, au grand dame de leurs parents. Lavinia est élevée dans le respect des principes alors que Maude est livrée à elle-même : sa mère, Kitty Coleman, vit dans ses propres chimères. Ni la lecture, ni le jardinage, ni même une liaison ne suffisent à lui donner goût à la vie. Jusqu'au jour où elle découvre la cause des suffragettes. La vie des deux familles en sera bouleversée à jamais.
Mon avis : Je vous le disais déjà lors de mon dernier billet sur un roman de Tracy Chevalier, avec cette autrice, ça passe ou ça casse. Ici, ça casse, et pour plusieurs raisons. Il s'agit d'un roman à plusieurs voix, quasi exclusivement des femmes, qui va nous dresser le portait de la société post victorienne et de la lutte des femmes pour trouver leur place. Il y a donc de quoi faire un beau roman. Malheureusement, la promesse n'est pas tenue.
D'abord, parce l'histoire mais plus de la moitié du roman à s'installer ! On passe de personnage en personnage, on suit les petits malheurs des fillettes, et de façon plus lointaine les problématiques des femmes adultes : Kitty Coleman s'enfonce dans une dépression dont personne ne dit le nom ; Jenny se retrouve enceinte et doit tout assumer seule au point de s'abaisser au chantage pour garder sa place ; les messieurs savourent la position confortable qui est la leur sans se poser de question. Il faut attendre plus de 200 pages pour que la question des suffragettes face son apparition, et encore le combat pour le droit de vote des femmes est vite décrit comme étant mené par une bande d'hurluberlus qui font tout un tapage sans se préoccuper aucunement des retombées sur leurs proches.
Le personnage de Kitty Coleman est central dans ce roman, pourtant, elle parle assez peu. Il aurait été intéressant de creuser davantage sa psychologie, ses motivations, les freins qu'elle rencontre. Et ce reproche porte également sur tous les personnages qui composent se roman choral : aucun ne trouve une vraie identité, une vraie voix qui le distingue des autres, chacun étant assez interchangeable tant qu'elles restent dans le même statut social : Maude et Lavinia sont des petites filles ; Kitty Coleman et Gertrude Waterhouse des femmes entretenues ; Jenny et Mrs Baker des domestiques.
L'ensemble manque en fait terriblement de nuances et de justesse. C'est bien dommage.
Le récital des anges, de Tracy Chevalier
Traduit par Marie-Odile Fortier-Masek
Éditions Folio
Octobre 2003
As-tu lu "Prodigieuses créatures" ? C'est un bon roman.
RépondreSupprimer@Sandrine : c'est même mon préféré d'elle ! D'où ma déception ici tant j'ai aimé d'autres de ses romans.
SupprimerUne auteure dont je n'apprécie pas particulièrement la plume ni les romans.
RépondreSupprimer