La brodeuse de Winchester [Tracy Chevalier]

Plus de trois ans après ma dernière lecture de Tracy Chevalier avec À l'orée du verger, je retrouve l'autrice avec son dernier roman tout juste sorti en poche : La brodeuse de Winchester.

L'histoire : Winchester, 1932. Violet Speedwell, trente-huit ans, fait partie de ces millions de femmes restées célibataires depuis la pénurie d'hommes d'après-guerre. Pour échapper à une mère acariâtre, elle décide de prendre son envol. Mais son célibat lui attire plus de mépris que d'amitié. C'est au sein du cercle des brodeuses de la cathédrale qu'elle trouvera le soutien qui lui manque pour affronter les préjugés de son époque. Grâce à Arthur, le sonneur de cloches, elle découvre aussi un tout autre cercle, masculin cette fois. Au même moment, la radio annonce l'arrivée d'un certain Hitler à la tête de l'Allemagne.

Mon avis : Avec Tracy Chevalier, il n'y a pas de demie mesure : soit ça passe, comme pour Prodigieuses créatures ou La dernière fugitive, soit ça casse, comme pour À l'orée du verger ou La Vierge en bleu. Vu la déferlante d'avis positifs, j'avais bon espoir que ça passerait cette fois-ci. Malheureusement, je vais faire retentir une petite musique dissonante par un avis moins enthousiaste que beaucoup d'autres lecteurs.

Pour commencer, le sujet avait de quoi me plaire : une thématique originale, celles des jeunes femmes célibataires par la force des choses après l'hécatombe de la Première guerre mondiale. On suit donc Violet, coincée entre le deuil de son fiancé et de son frère, morts au combat, et sa mère devenue acariâtre. Ne supportant plus cette situation moribonde, elle ose quitter le cocon familial pour s'installer à Winchester. Elle rêve plus grand mais sans savoir comment s'y prendre. La rencontre d'un cercle de brodeuses dans la cathédrale de Winchester va la pousser dans la bonne direction. Tracy Chevalier continue avec ce roman de proposer des personnages féminins étonnants qui évoluent au fil du récit.

Malheureusement, la narration lente couplée à un personnage bourré de doutes n'entraîne pas l'empathie. Il ne se passe pas grand chose, il faut le reconnaître, si ce n'est dans le dernier quart où tout s'accélère, de façon assez prévisible. Et si Violet va se révéler au fur et à mesure, elle est assez insipide au début, ce qui n'aide pas à s'attacher à elle et à sa perception de ce qui l'entoure. C'est d'autant plus dommage que beaucoup d'éléments sont vraiment intéressants dans ce récit : le féminisme des années 30, la perception du nazisme montant depuis l'étranger, la découverte de Louisa Pesel que je ne connaissais pas. Ils ne suffisent cependant pas à donner un vrai souffle qui emporte.

Une lecture en partenariat avec Folio, que je remercie.


La brodeuse de Winchester, de Tracy Chevalier
Traduit par Anouk Neuhoff
Éditions Folio
Octobre 2021

Commentaires

Alex Mot-à-Mots a dit…
Je n'en ai lu que deux de l'auteure, qui m'avait déçus. Je ne suis pas tentée par celui-ci.
keisha a dit…
Je n'ai lu que A l'orée du verger, bah je n'ai pas eu envie d'y revenir, tu confirmes, alors?
La chèvre grise a dit…
@Alex Mot-à-mots : ce n'est pas celui qui te réconciliera avec l'auteure.

@Keisha : je conseillerais tout de même "Prodigieuses créatures", qui m'avait passionnée sur un sujet qui a priori ne m'intéressait pas du tout.

Posts les plus consultés de ce blog

La cité Abraxas

MAM Paris #10 : Le peignoir jaune de Tal-Coat

Musée du Quai Branly #4 : Amériques