Poèmes Saturniens [Paul Verlaine]

L’auteur : Paul Verlaine est un poète français, né en mars 1844 et mort à Paris en janvier 1896. Il est à l’origine des « poètes maudits » dont il fait partie.
Les poèmes saturniens sont publiés en 1866 et constituent le premier recueil du poète. À cette époque, Verlaine fréquente les Parnassiens et leur théorie de « l’art pour l’art », mais la composition daterait peut être de ses années de lycée.

Mon avis : J’avais déjà dans ma bibliothèque Sagesse, Amour, Bonheur sur lesquels j’ai pu travailler à la Sorbonne pendant mes études. Et puis, j’ai lu Ô Verlaine de Jean Teulé, qui relate de façon romancée les derniers jours du grand poète français.
Si je ne suis pas forcément une grande amatrice de poésie, pour la simple raison que je ne sais pas la décrypter, j’ai toujours aimé en lire dans la mesure où je pouvais compter sur une explication : j’ai d’ailleurs adoré mes cours de fac sur la poésie (même si certaines fois on se demande si le prof n’y voit pas plus que ce que l’auteur y a mis). Cette lecture est donc pour moi l’occasion toute trouvée de renouer avec un poète que j’aime et un exercice plus délicat de compréhension.
Le poème liminaire invoque Saturne comme planète des mélancoliques
« Or ceux-là qui sont nés sous le signe SATURNE, […]
Ont entre tous […]
Bonne part de malheur et bonne part de bile », donnant ainsi le ton au lecteur et réclamant sa compréhension par la même occasion.
On retrouve aussi l’usage de vers impairs, comme souvent chez lui, qui donnent une musicalité à son œuvre, comme il le disait dans Jadis et Naguère « De la musique avant toute chose Et pour cela préfère l’impair ». Et la musicalité des vers et des rimes, c’est effectivement ce qui m’a frappée le plus ici. Je suis heureuse de voir que mes années d'étude m'ont au moins permis d'y être sensible ! C'est agréable à lire, même si certains poèmes me sont restés plus obscurs que d'autres. J'ai eu tendance à préférer ceux parlant de la nature ou des émois que ceux donnant des portraits. Et ce trait marqué pour le sombre et le mélancolique, le triste, est plutôt fait pour me plaire.
On croise Chanson d’automne, ce poème rendu célèbre par Radio Londres. Et je vous laisse avec un petit exemple de ce qu’on peut aussi lire :

Effet de nuit (Eaux-fortes)

La nuit. La pluie. Un ciel blafard que déchiquette
De flèches et de tours à jour la silhouette
D’une ville gothique éteinte au lointain gris.
La plaine. Un gibet plein de pendus rabougris
Secoués par le bec avide des corneilles
Et dansant dans l’air noir des gigues non pareilles,
Tandis que leurs pieds sont la pâture des loups.
Quelques buissons d’épine épars, et quelques houx
Dressant l’horreur de leur feuillage à droite, à gauche,
Sur le fuligineux fouillis d’un fond d’ébauche.
Et puis, aoutur de trois livides prisonniers
Qui vont pieds nus, deux cent vingt-cinq pertuisaniers
En marche, et leurs fers droits, comme des fers de herse,
Luisent à contre-sens des lances de l’averse.

Dans le cadre du Circle Challenge ABC, voici la lettre V (2/26).

Commentaires

  1. je ne suis pas une grande fan de Verlaine. Je lui préfère Rimbaud.

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  2. Et moi baudelaire :D... c'est qui le plus fort alors? En fait, c'est étonnant de voir que cette époque nous a donné une quantité d'écrivains extraordinaires qui se sont côtoyés, succédés... Mais G.Musso succède à M.levy, ça calme :D... Est-ce l'époque qui inspire moins ?

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  3. @ choupynette et Gruikman : ahhh Rimbaud, Verlaine, Baudelaire. Ils vont un peu ensemble tous les trois, non ? Surtout Rimbaud et Verlaine... J'avoue aimer les 3 sans trop de distinction.

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  4. Ravi que ce recueil t'ai plu. Je l'avais mis dans la liste pour une touche de poésie, mais je ne l'ai pas lu moi-même. J'ai peu lu de poésie, seulement Les Fleurs du Mal de Baudelaire et Les Planches Courbes d'Yves Bonnefoy.

    Du coup je crois que je vais le lire, le poème que tu as retranscrit ici m'a beaucoup plu ! J'aime aussi beaucoup ce sentiment : la mélancolie.

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  5. Tres bon choix, Verlaine reste le plus grand, a mon humble avis.

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