Le garçon d'à côté [Katrina Kittle]
L'auteur : Katrina Kittle est une auteur américaine, ancienne enseignante d'anglais et de théâtre.
L'histoire : Dans la banlieue tranquille du Middle West où Sarah vit avec ses enfants, Nate et Danny, la nouvelle fait l'effet d'une bombe : leurs voisins et amis, les Kendricks, sont accusés de pédophilie. L'horreur était là sous ses yeux, et pourtant Sarah n'a rien vu, rien senti...
Malgré l'équilibre fragile qu'elle tente de maintenir au sein de sa famille depuis la mort de son mari, elle décide d'accueillir Jordan, le fils des Kendricks, victime d'abus. Sarah, Nate et Danny - l'adulte, l'adolescent et l'enfant - vont devoir changer de regard, réinventer leurs rôles respectifs et leurs certitudes pour redonner à Jordan goût à la vie et l'aider à grandir.
Mon avis :Si je sors aujourd'hui ce roman de ma PAL, c'est grâce à Faurelix qui me l'a proposé dans le cadre du challenge Livra'deux pour pal'addict.
Le garçon d'à côté est un roman comme on en fait peu : il traite d'un sujet particulièrement difficile (la pédophilie incestueuse) en réussissant à ne jamais tomber dans le pathos. La narration alterne entre la voix de Sarah, jeune veuve un peu perdue au milieu de ses deux garçons et qui va recueillir le fils de la voisine, la voix de Nate, son adolescent de fils qui la pousse à accueillir Jordan, et Jordan lui-même. La multitude de points de vue permet de varier le ressenti et de ne pas généraliser. Surtout, Katrina Kittle propose ici une vraie analyse des sentiments complexes qui peuvent animer une jeune victime : pourquoi ne dénonce-t-il pas ses bourreaux ? pourquoi peut-il aller jusqu'à vouloir conserver le mode de vie qui était le sien avant que tout ne se sache ?
La ville se déchaîne, les rumeurs vont bon train, les ragots sont chuchotés de voisin en voisine. La parfaite petite vie dans un parfait petit village. À vous faire apprécier l'anonymat des grandes villes ! Pourtant, malgré l'intrusion permanente des autres dans la vie privée de chacun, on ne connait jamais des gens que ce qu'ils acceptent de vous laisser voir. La tension est maintenue intelligemment par l'auteur par le biais du personnage de Sarah, qui va petit à petit passer du refus de croire à l'acceptation de l'évidence. C'est bien Sarah qui est au cœur du roman, elle et son regard sur Courtney, cette amie qu'elle ne peut croire coupable d'une telle abjection. Le tout dans un style simple et qui emporte le lecteur.
Pour autant, le roman n'est pas dénué de défauts. Le lecteur pourra prendre de la distance en ce disant que Jordan n'existe pas. Ce roman est un roman justement, pas un témoignage. Il n'empêche que des enfants, partout dans le monde, subissent cette horreur sans nom et sont dépossédés d'eux-mêmes de la plus abjecte façon. De même, Nate est un adolescent difficile qui rentre bien vite dans le droit chemin. Sarah n'a en fait à faire face qu'à des adolescents plutôt facile à vivre et qui ne lui rendent pas la vie si compliquée. Et sa famille va grandement profiter du drame du voisin pour retisser les liens qui se distendaient depuis la mort de son mari. Et enfin, le tour de passe passe pour se débarrasser de la mère et éviter le procès choc est un peu facile et mène au dernier chapitre qui dégouline de bonnes intentions : un peu en mode "ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants", ce qui fait un peu tache dans l'histoire.
Il est facile d'émouvoir avec un tel sujet et l'auteur sait en jouer habilement, sans tomber dans le sirupeux ou le voyeurisme. Je ne suis pas totalement convaincue, mais ça a été une lecture intéressante.
Le garçon d'à côté est un roman comme on en fait peu : il traite d'un sujet particulièrement difficile (la pédophilie incestueuse) en réussissant à ne jamais tomber dans le pathos. La narration alterne entre la voix de Sarah, jeune veuve un peu perdue au milieu de ses deux garçons et qui va recueillir le fils de la voisine, la voix de Nate, son adolescent de fils qui la pousse à accueillir Jordan, et Jordan lui-même. La multitude de points de vue permet de varier le ressenti et de ne pas généraliser. Surtout, Katrina Kittle propose ici une vraie analyse des sentiments complexes qui peuvent animer une jeune victime : pourquoi ne dénonce-t-il pas ses bourreaux ? pourquoi peut-il aller jusqu'à vouloir conserver le mode de vie qui était le sien avant que tout ne se sache ?
La ville se déchaîne, les rumeurs vont bon train, les ragots sont chuchotés de voisin en voisine. La parfaite petite vie dans un parfait petit village. À vous faire apprécier l'anonymat des grandes villes ! Pourtant, malgré l'intrusion permanente des autres dans la vie privée de chacun, on ne connait jamais des gens que ce qu'ils acceptent de vous laisser voir. La tension est maintenue intelligemment par l'auteur par le biais du personnage de Sarah, qui va petit à petit passer du refus de croire à l'acceptation de l'évidence. C'est bien Sarah qui est au cœur du roman, elle et son regard sur Courtney, cette amie qu'elle ne peut croire coupable d'une telle abjection. Le tout dans un style simple et qui emporte le lecteur.
Pour autant, le roman n'est pas dénué de défauts. Le lecteur pourra prendre de la distance en ce disant que Jordan n'existe pas. Ce roman est un roman justement, pas un témoignage. Il n'empêche que des enfants, partout dans le monde, subissent cette horreur sans nom et sont dépossédés d'eux-mêmes de la plus abjecte façon. De même, Nate est un adolescent difficile qui rentre bien vite dans le droit chemin. Sarah n'a en fait à faire face qu'à des adolescents plutôt facile à vivre et qui ne lui rendent pas la vie si compliquée. Et sa famille va grandement profiter du drame du voisin pour retisser les liens qui se distendaient depuis la mort de son mari. Et enfin, le tour de passe passe pour se débarrasser de la mère et éviter le procès choc est un peu facile et mène au dernier chapitre qui dégouline de bonnes intentions : un peu en mode "ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants", ce qui fait un peu tache dans l'histoire.
Il est facile d'émouvoir avec un tel sujet et l'auteur sait en jouer habilement, sans tomber dans le sirupeux ou le voyeurisme. Je ne suis pas totalement convaincue, mais ça a été une lecture intéressante.
Traduit par Nathalie Barrié
Livre de poche
Juillet 2013
Il est vrai que le sujet n'était pas facile.
RépondreSupprimerj'ai un très bon souvenir de cette lecture
RépondreSupprimerUn livre qu'il faut donc que je sorte de ma PAL malgré des petits défauts. Merci pour ta participation au challenge La chèvre grise ! Mon billet très bientôt :)
RépondreSupprimer@ Alex Mot-à-Mots : tout à fait. Et il est abordé avec pudeur, je trouve. Un bon point.
RépondreSupprimer@ Petitepom : une lecture agréable, si tu me permets le mot malgré le sujet.
@ Faurelix : voilà, tu résumes bien ! J'ai été ravie de participer avec toi. Je n'ai plus qu'à m'inscrire pour la prochaine session :)
Oh oui La chèvre grise ! C'est une excellente idée, on y prend vite goût à ce petit challenge ;)
RépondreSupprimer