L'art du chevalement [Loo Hui Phang et Philippe Dupuy]

Les auteurs : Une autre collaboration de Loo Hui Phang, qui était déjà aux commandes de L'odeur des garçons affamés avec Frederik Peeters. Cette fois, elle collabore avec le dessinateur et scénariste français Philippe Dupuy

L'histoire : Du fond de la fosse 9, Orfeo, un jeune « meneux d’quéviaux », s’apprête à faire sortir par le monte-charge, Pigeon, un vieux cheval qui travaille au fond de la mine depuis plus d'une décennie. Mais au lieu d’arriver sur le carreau du puits, ils se retrouvent devant une structure de verre : le musée du Louvre à Lens, vide de tout visiteur. Par quel mystère ont-ils traversé le temps ? Peu importe...

Mon avis : L’œil attiré par ce nom bizarre, « chevalement », j’ai pris cet ouvrage sur les étagères de la bibliothèque sans rien en connaître. Et j’ai découvert un album conceptuel, mais poétique et qui ouvre un monde peu connu, celui des mineurs, en faisant un parallèle inattendu avec celui de l’art.

Orféo est un meneur de chevaux dans les mines de Lens. Il doit remonter et accompagner Pigeon, cheval qui a bien mérité sa retraite après des années de dur labeur. Ils se retrouvent tous les deux dans les galeries du Louvre Lens. C’est l’occasion de faire une petite visite inopinée et de découvrir quelques œuvres.

Ce parcours est fait de silence, de souvenirs et de quelques dialogues inattendus avec les œuvres elles-mêmes. Car au passage d’Orféo et de Pigeon, elles s’animent, se dévoilent, interrogent. Ce dialogue permet d’en apprendre plus sur le travail à la mine dans cette fosse n°9. On touche peut-être ici à la nature même de l’art : nous interroger sur notre vécu.

Planche L'art du chevalement
L’album est d’une ambiance douce-amère : le monde des mines n’existe presque plus, celui de l’art a bien changé. Pourtant une nécessité commune : la préservation de la mémoire, du travail des artisans/artistes. Les teintes ternes choisies par Philippe Dupuy tirent un peu trop vers la déprime et le dessin n'est pas vraiment beau. Cependant, certaines illustrations sont parfois en pleine page pour apporter un peu de dynamisme à l’ensemble. Mais il manque une pointe de densité, au point de se demander s’il ne s’agit pas juste d’une commande du musée. Pourtant, le lexique en fin d’ouvrage montre que la passerelle dessinée entre ces deux mondes, a priori opposés, est bien plus réelle qu’on ne l’imagine.

L'art du chevalement, de Loo Hui Phang et Philippe Dupuy
Éditions Futuropolis / Musée du Louvre Lens
Novembre 2013

Commentaires

XL a dit…
je l'ai repéré à sa sortie, c'est dommage cette impression en demi teinte que tu me donnes

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