Nickel boys [Colson Whitehead]

L'auteur
: Colson Whitehead est un journaliste et romancier américain né en novembre 1969 à New York, un des rares auteurs à remporter deux fois le prix Pulitzer de la fiction en 2017 et 2020, pour ses romans Underground railroad et Nickel boys.

L'histoire : Dans la Floride ségrégationniste des années 1960, le jeune Elwood Curtis prend très à cœur le message de paix de Martin Luther King. Prêt à intégrer l’université pour y faire de brillantes études, il voit s’évanouir ses rêves d’avenir lorsque, à la suite d’une erreur judiciaire, on l’envoie à la Nickel Academy, une maison de correction qui s’engage à faire des délinquants des « hommes honnêtes et honorables ». Sauf qu’il s’agit en réalité d’un endroit cauchemardesque, où les pensionnaires sont soumis aux pires sévices. Elwood trouve toutefois un allié précieux en la personne de Turner, avec qui il se lie d’amitié. Mais l’idéalisme de l’un et le scepticisme de l’autre auront des conséquences déchirantes.

Mon avis : Indubitablement un roman fort par son sujet, qui ne peut que faire écho à l’actualité puisqu’il est basé sur un fait tout ce qu’il y a de plus réel, celui de la Dozier School, ouverte de 1900 à 2011 et dont le personnel encadrant commis les pires méfaits sur les jeunes qui leur étaient confiés, allant jusqu’au décès, aggravés par un racisme primaire ignoble. Tout cela met à nouveau en lumière l’immense dette humaine des États-Unis et la meurtrissure profonde qui marque cette société, hantée par le pire des ségrégationnismes. De fait, le lecteur ne peut donc qu’être touché par l’histoire d’Elwood.

Maintenant, je suis beaucoup moins convaincue par le style. Peut-être en attendais-je beaucoup trop de la part d’un auteur doublement primé du Pulitzer, y compris pour ce roman-ci. J’ai trouvé que ça manquait d’intensité, notamment dans la description des personnages, trop succincte et avec peu de psychologie. Et puis les changements de temps n’aident pas à donner du rythme au récit. Est-ce le problème du style de l’auteur ou de la traduction ? Impossible à dire de façon claire mais j’aurais tendance à croire que non car je trouve qu’il y a aussi de la facilité dans certains points, comme de se référer systématiquement à Martin Luther King et ses discours pour montrer l’idéalisme du jeune garçon et construire l’opposition entre rêve et réalité. Le rêve de ce qu’il veut être, la réalité de ce que la société lui impose. Enfin, le retournement annoncé comme une gifle par beaucoup dans les dernières pages ne m’a pas vraiment surprise, je m’y attendais un peu.

Bref, pour un roman tant en encensé par la critique, je suis restée sur ma faim.


"S'interdire de penser à la fuite, ne serait-ce que pour un instant volatil, c'était assassiner sa propre humanité."


Nickel boys, de Colson Whitehead
Traduit par Charles Recoursé
Éditions Albin Michel pour Kindle
Août 2020

Commentaires

dasola a dit…
Rebonjour La Chèvre grise, j'ai commencé ce roman et puis je l'ai laissé de côté. Il ne me passionne pas du tout. Bonne journée.

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