Exposition : Edvard Munch, un poème de vie, d'amour et de mort
De Munch (1863-1944), je ne connaissais, comme beaucoup j'imagine, que le fameux Cri peint en 1893 et largement repris dans la culture populaire. Alors l'exposition au Musée d'Orsay m'a donné l'occasion d'élargir un peu ma connaissance de ce peintre norvégien grâce à la présentation d'une centaine d’œuvres reprenant 60 ans de création.
Autoportrait à la cigarette, huile sur toile - 1895 |
On le sait en proie à l'angoisse, la solitude et aux questions existentielles. Il faut dire qu'il a assisté à bon nombre de malheurs dès sa jeunesse : le décès de sa mère puis de sa sœur aînée de tuberculose, de son frère d'une pneumonie avant de voir son autre sœur internée pour troubles psychiatriques. Il n'a d'ailleurs pas suivi de formation académique à son art et doit beaucoup à sa tante qui le recueille et l'initie au dessin et à la peinture. Il fait ses premières armes en peignant les portraits de sa famille et de ses amis.À l'âge de 17 ans, il va suivre pendant quelques mois les cours du Collège royal de dessin à Oslo, appelée alors Kristiania, et y expose pour la toute première fois deux ans plus tard.
Hans Jaeger (écrivain et proche de l'artiste), huile sur toile - 1889 |
Nuit d'été, Inger sur la plage (sa plus jeune sœur), huile sur toile - 1889 |
En 1885, une bourse d'études lui permet de faire un premier séjour à Paris où il croise les naturalistes et les impressionnistes à qui il va emprunter le traitement de la couleur. Edvard Munch va s'éloigner des paysages pour s'intéresser davantage au portrait. Les contours sont simplifiés et l'artiste entre dans le symbolisme.
Humanité et nature sont pour lui unies dans un cycle infini de vie, de mort et de renaissance. De façon obsessionnelle, il retravaille souvent ses sujets, motifs et composition, dans de nombreuses versions, peinte selon différentes techniques (huile, gouache, gravure...), tout au long de sa carrière. Reprenant les mêmes motifs, comme celui de la chevelure qui relie les êtres entre eux, en les attachant ou les séparant, ou celui du halo angoissant entourant son motif.
Séparation II, lithographie - 1896 |
Les jeunes filles sur le pont, huile sur toile - 1927 |
Les jeunes filles sur le pont, gravure sur bois à la gouge et rehauts d'aquarelle - 1918 |
Le baiser peint en 1897, est repris tout au long de sa vie, montrant ainsi l'évolution de la relation entre l'homme et la femme par le biais de changements parfois minimes : les deux visages fondus qui au gré des versions se distinguent davantage, un halo angoissant qui entoure le couple enlacé...
Le baiser II, gravure sur bois à la gouge - 1897 |
Munch est aussi le peintre du désir mâtiné de danger et d'angoisse potentielle. Sa Madone est bien plus qu'un sujet de dévotion, elle est aussi, par son association au macabre, un symbole de souffrance. Elle semble être la quintessence de la figure féminine, toujours avec de longs cheveux.
La broche, Eva Mudocci, lithographie - 1903 |
Les premières présentations publiques de l'artiste suscite beaucoup de critiques et de rejet. Il invente alors une manière de présenter son travail avec un projet intitulé La Frise de la vie, une série de tableaux accrochés de façon à insister sur le cycle perpétuel de la vie et de la mort. Ce projet occupera une très grande place dans sa carrière, avant qu'il ne se tourne dans les années 1900 - 1910 vers l'illustration et le décor de théâtre.
Programme illustré de la pièce Peer Gynt d'Henrik Ibsen, lithographie - 1896 |
Ce qui m'aura le plus fascinée dans cette exposition c'est de voir que certaines œuvres de l'artiste sont plutôt joyeuses, pleines de couleurs vives, là où je me faisais l'idée d'un homme qui ne représentait que des angoisses. C'est le cas pour une grande partie des toiles de la Frise Linde, un commanditaire qui en 1904 lui demande une série de tableaux pour décorer la chambre de ses enfants. Les toiles seront cependant refusées, jugées inappropriées. Ou bien encore cette variation de la Nuit étoilée de Van Gogh.
Jeunes filles arrosant des fleurs, huile sur toile, 1904 - Frise Linde |
L'été au parc, huile sur toile - 1904 - Frise Linde |
Nuit étoilée, huile sur toile - 1922-1924 |
Une belle exposition qui éclaire l’œuvre d'un peintre au final assez peu connu.
Informations utiles :
Du 20 septembre 2022 au 22 janvier 2023
Du mardi au dimanche, de 9h30 à 18h, nocturne le jeudi jusqu'à 21h45
Musée d'Orsay
Esplanade Valéry Giscard d'Estaing
75007 Paris
Tarif : 16€
Tarif réduit : 13€
Site du musée d'Orsay ici
J'avais cru avoir commenté, en tout cas je visualise les tableaux. Munch, ce n'est pas que Le cri!
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