D'or et d'oreillers [Flore Vesco et Mayalen Goust]
Les autrices : Après De cape et de mots, Flore Vesco voit un de ses romans jeunesse à nouveau adapté, cette fois par l'illustratrice française Mayalen Goust.
L'histoire : Lord Handerson, un riche héritier, a conçu un test pour choisir au mieux sa future épouse. Chaque candidate est invitée à passer une nuit à Blenkinsop Castle, seule, dans une chambre au centre de laquelle se trouve un lit d'une hauteur invraisemblable. Pour l'heure, les prétendantes, toutes filles de bonne famille, ont été renvoyées chez elles au petit matin, sans aucune explication. Mais voici que Lord Handerson propose à Sadima de passer l'épreuve. Robuste et vaillante, simple femme de chambre, Sadima n'a pourtant rien d'une princesse. Et pour cause, l'histoire que va vivre cette dernière, si elle s'apparente bien à de l'amour, est loin d'être un conte de fées...
Mon avis : Voici un conte de fées, ou presque. Et dans ce presque, ce tout petit mot, se cache tout le sel de cet album.
Le conte, vous aurez peut-être reconnu celui de la Princesse au petit pois. Misogyne et dégradant, quand on y regarde de plus près. Flore Vesco a intelligemment réécrit cette histoire absurde pour en faire un conte engagé et très actuel, d'où la magie n'est pourtant pas absente. Comme dans De cape et de mots, on retrouve son amour pour les mots et les jeux linguistiques. La teneur poétique et surtout parfois très sensuel réserve cette version à un public plus adulte qu'on ne pourrait le croire. Un vrai travail de déconstruction des stéréotypes qui laisse toute sa place à l'appréhension de l'intimité féminine et à la notion de consentement. Très actuel vous disais-je !
J'ai aussi beaucoup aimé les clins d'œil à d'autres contes : on pense à Barbe Bleue ou à La Belle et la Bête ; façon intelligente de nous dire de nous méfier de ces récits édulcorés d'enfant qui recèlent des mystères qui ne sont pas toujours perceptibles au premier abord (on repense alors aussi à ces chansons enfantines qui s'avèrent scabreuses quand on étudie les paroles).
Le dessin est juste superbe, tout comme la composition des pages qui sort littéralement des cases académiques et rendent magnifiquement l'ambiance fantastique un peu sombre, voire gothique, qui plane sur l'aventure que vit Sadima. Les couleurs sont très travaillées et certaines pages font clairement penser à Klimt ou en tout cas clairement dans un décor Art nouveau.
C'est beau, c'est intelligent, c'est un grand coup de cœur ! 🧡
Éditions Rue de Sèvres
Septembre 2024
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