Peau d'homme [Hubert et Zanzim]

Les auteurs : Je retrouve à nouveau Hubert, déjà croisé sur ce blog lors de ses collaborations avec Kerascoët ou avec Virginie Augustin. Cette fois, c'est avec Zanzim, auteur de bande dessinée français né en janvier 1972, qu'il collabore pour ce Peau d'homme qui a reçu Grand prix RTL de la bande dessinée ou le prix Landerneau, entre autres.

L'histoire : "Les femmes de notre famille, nous avons un secret, nous avons en notre possession une peau d'homme. Nous l'appelons Lorenzo. Une fois la peau revêtue, nul ne peut se douter que tu n'es pas un garçon. Ainsi tu pourras voyager incognito dans le monde des hommes."

Mon avis : Cet album, il m'aura fallu être patiente pour pouvoir l'emprunter à la bibliothèque tant il a été demandé. Mon tour est donc enfin arrivé de découvrir l’histoire de Bianca, promise à Giovanni, jeune homme auquel on la livre sans qu’elle ne l’ait jamais vu. Nous sommes à la Renaissance, en Italie. Face à ses inquiétudes sa tante lui livre le secret familial : les femmes disposent d’une peau d’homme qui, une fois revêtue, permet de se faire passer pour un homme. Dans le but de connaître son futur époux, Bianca va intégrer le monde masculin.

Entre quiproquos, moments tendres ou drôles jalonnant le parcours de la jeune femme, celle-ci explore les possibilités que lui offre cette nouvelle identité. C’est aussi un beau prétexte pour nous faire découvrir une époque où les arts sont florissants et où les mœurs sont assez libres. Pour les hommes en tout cas, sous réserve de rester discrets. Les femmes, elles, doivent subir sans broncher l’hypocrisie masculine dominante. Mais au-delà de cette distinction des genres, c’est un propos très moderne que nous tiennent les auteurs : celui de la liberté d’explorer et de ressentir dans sa chair comme bon nous semble. En se heurtant à des intégristes et moralisateurs de tout poil, la société italienne de cette époque est muselée jusqu’au plus profond de son identité. Les arts sont les premiers à être mis au banc des accusés, puis des catégories de gens déjà opprimés institutionnellement (femmes, homosexuels) jusqu’à ce que le bon mâle blanc hétéro voie lui aussi sa liberté remise en question. Alors seulement la révolte va poindre.
L’histoire, servie par un dessin beau, élégant et vif, est intelligemment construite de bout en bout. On s’attache à Bianca/Lorenzo et à Giovanni. On les quitte même à regret. Mon premier coup de cœur de 2021 !

Au final, un beau message : aimez comme vous voulez, en toute liberté !

À noter qu’il s’agit là malheureusement du dernier album de Hubert, mort en février 2020, avant la parution. Il n’aura pas vu le succès rencontré par ce magnifique ouvrage, succès grandement mérité.


Peau d'homme, de Hubert et Zanzim
Éditions Glénat
Avril 2020

Commentaires

eimelle a dit…
j'ai beaucoup aimé aussi!
ta d loi du cine a dit…
Ca se lit joyeusement...
Je ne savais pas que le scénariste était décédé (avait mis fin à ses jours, dit wikipedia). Dommage, effectivement!

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